Depuis environ deux mois et demi, il est surprenant de constater combien et comment nous avons facilement limité, voire renoncé à un ensemble de droits et de libertés, individuels et collectifs.
Quasiment en quelques jours à peine, nous avons vu restreindre drastiquement notre liberté de mouvement, le droit de nous rassembler, de voir nos proches. Pour beaucoup, il a été interdit de pratiquer son métier. Pour d’autres, on leur aura imposé la manière de l’exercer. Sans oublier nos enfants privés d’école.
Afin de suivre la propagation du virus, nous pouvons être amenés à répondre à un ensemble de questions sur où, quand et avec qui nous avons éventuellement eu un contact, version « humanisée » du traçage envisagé via nos téléphones portables.
Nécessaires dans l’urgence, peut-être, ces mesures doivent être totalement exceptionnelles et en aucun cas devenir une nouvelle norme.
Il a été dit que nous sommes tous égaux face au coronavirus.
Ne nous y trompons pas. Si le Covid 19, en tant que virus, ne fait pas de différence quant aux organismes infectés, sans distinction de genre, d’origine, de religion… nous ne sommes néanmoins pas toutes et tous également armés face à lui.
La violence du virus ne sera pas la même selon notre appartenance sociale.
D’abord en ce que les moins nantis sont ceux dont la santé est déjà la plus fragile, avec moins de moyens pour bien se soigner. Parce que les mêmes ne vivent généralement pas le confinement dans de spacieux logements ou dans une résidence de campagne. Ou encore parce que la crise économique, corollaire à l’épidémie, frappera bien plus durement les classes populaires.
Le coronavirus aura accentué les inégalités, nous devrons en tenir compte et les corriger sans délai.
Heureusement, dès le début l’épidémie, posés par le personnel de la santé, par tous celles et ceux aussi qui ont assuré nos besoins premiers, nous avons vu de formidables actes de solidarité. Beaucoup d’initiatives privées ont également vu le jour qu’il s’agisse de confectionner des masques, des courses pour les personnes plus fragiles, de livrer des repas aux soignants…
La solidarité est une composante essentielle de la fraternité. Mais celle-ci revêt une dimension supplémentaire, celle de justice sociale, qui veut que la redistribution des richesses garantisse à tous un accès aux droits économiques et sociaux.
Nous ne pouvons nous satisfaire et nous féliciter que de vaillants bénévoles apportent une réponse aux lacunes d’un système, surtout quand sa défaillance est elle-même organisée par une politique de détricotage de notre état social.
Chères amies, chers amis, on peut gloser à l’infini sur « le monde d’après ». Je suis néanmoins certain d’une chose, nous devrons veiller à ce qu’il soit empreint de liberté, d’égalité et de fraternité.
Jean Pierre Hupkens