C’est avant tout pour moi un choix de société. Celui d’une société resserrée et solidaire, dont l’égalité est la valeur première.
Le choix d’une société où le socle des services accessibles à tous est large (ce que j’ai avec quelques amis appelé le « bien commun »).
C’est ensuite le choix d’une stratégie pour atteindre cet idéal (social).
Ma jeunesse fût extrême, exposée, intransigeante. C’est dans le droit fil de cette exigence que je suis devenu socialiste, membre du parti et convaincu de la pertinence du mouvement.
Non parce que je me suis « assagi » mais parce que l’engagement militant m’a convaincu que le progrès se réalise réforme après réforme, bataille après bataille et parfois passe par la résistance c’est-à-dire, la préservation des acquis pour soutenir les offensives ultérieures.
Il s’agit enfin, en tant que socialiste, d’assurer en toutes circonstances une cohérence entre discours et pratique.
Il découle de ce qui précède que je combats les écarts de revenus inconsidérés. Il découle de ce qui précède que le contrôle démocratique doit être accessible à tous et appliqué généralement.
Ce principe vaut actuellement pour tous les partis et donc pour le mien. L’implication des militants dans la validation des lignes politiques et l’application des règles de fonctionnement est une condition indépassable de sa bonne santé.
S’agissant des questions qui agitent les têtes et étreignent les cœurs aujourd’hui, je pense que nous gagnerions à prévoir, en toute transparence, des rémunérations adaptées à l’exercice de chaque mandat électif et qu’elles soient exclusives de toute autre source de revenu liée peu ou prou à la fonction.
Je songe particulièrement aux simples conseillers communaux qui doivent avoir la possibilité d’exercer leur mandat en toute indépendance. Je plaide donc pour l’installation d’une indemnité à leur allouer suffisante et exclusive.
C’est déjà le souci d’indépendance qui avait soutenu naguère la revendication de l’indemnité parlementaire.
Mais je ne suis pas naïf au point de croire que cette seule question des rémunérations anime les uns et les autres.
Il y a bien sûr dans le périmètre actuel des débats sur la pertinence de l’initiative publique dans la sphère économique ou même sur la simple dispensation de services essentiels comme la distribution d’eau potable ou d’énergie, la santé ou l’éducation…
Une lutte à mort est engagée par les tenants du « tout au marché » (et il s’en trouve de tout poil et un peu partout tant le mal est répandu) contre ceux qui veulent encore lui soustraire des sphères qui participent à l’évidence du bien commun.
Mais au-delà de l’initiative publique, pour la droite « décomplexée » c’est le mouvement socialiste, en tant que tel qui doit disparaître car il incarne la défense des intérêts collectifs. La chose est déjà engagée en Europe. La besogne pourrait bien être terminée sous peu si la gauche ne trouve pas rapidement son point de réunion et de fermeté.
Cette question aussi est posée dans le tumulte actuel.
La fidélité à mes engagements m’a valu quelques ruptures qui ont été autant de prises de risque.
Une vie qui n’est pas risquée n’est pas vraiment vécue, dit-on, et cette vie faite de risques, elle ressemble à celle de milliers de socialistes qui tiennent la juste position sans autre récompense que la satisfaction de servir le bien commun, servir pas se servir, avec bon sens et bonne décence.
De tous ceux-là qui sont aujourd’hui insultés, je me sens frère. Et avec eux, comme socialiste, je ne crains pas de me montrer au grand jour.
Jean Pierre Hupkens
Militant socialiste