L’été s’associe généralement à une prise de congés, mais en est-il ainsi pour tous et de tout temps ?
Les congés payés, gagnés de haute lutte par nos aînés, rappelons-le, ne doivent pas être les seuls moments où les travailleurs doivent avoir un temps d’accès aux loisirs, partie intégrante d’une politique culturelle et base de leur émancipation.
Historiquement, les différentes réductions du temps de travail ont été revendiquées, et obtenues, en regard de l’augmentation constante de la productivité, gagnée à l’occasion du progrès technique et technologique.
Au milieu du XIXe siècle, début de l’ère industrielle, la durée de travail était en moyenne de 12h par jour, 6 jours sur 7.
La première Internationale, en 1864, comprendra dans son programme la revendication claire des « trois fois 8 »: 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures de loisir.
Le Parti Ouvrier Belge, fondé en 1885, la placera dans son programme économique de 1894, à côté d’autres revendications comme l’interdiction du travail des enfants, l’interdiction du travail de nuit ou le repos du dimanche.
Fin XIXe, début XXe, suite aux mobilisations populaires, les premières avancées seront engrangées dans plusieurs secteurs, avec un glissement vers des journées de 10h ou 9h.
Mais ce n’est que dans l’entre-deux-guerres, que la loi ramènera le temps de travail à 8 heures par jour et à 48 heures par semaine, grâce à une poussée du POB due au suffrage universel, et des organisations syndicales renforcées par l’abrogation d’articles anti-grève du Code pénal.
Les grèves de juin 1936, tout comme le Front Populaire en France, revendiqueront la semaine de 40h, mais également une réduction annuelle du temps de travail via les congés payés.
Par la suite, la semaine étant toujours de 48 heures au début des années 1950, elle passera à 45 heures en 1964, 40 en 1975, 39 en 1996 et 38 heures… en 2003.
Remarquons que la loi viendra, en général, acter les accords issus de la concertation sociale, preuve de l’efficacité du modèle belge de dialogue entre interlocuteurs sociaux, modèle lui-même malmené ces dernières années…
Nous, socialistes, sommes les premiers défenseurs d’emplois de qualité pour tous, assortis d’un statut protecteur. Nous prônons une réduction collective du temps de travail, sans baisse de salaire, et un salaire minimum de 14€ de l’heure.
En ce début de XXIe siècle, la productivité n’a jamais été aussi grande, à un point tel que l’on pourrait s’interroger de savoir si le consumérisme n’en viendrait pas à devoir inventer des besoins nouveaux pour s’auto-justifier.
Le monde change, la planète change. Notre approche du travail doit évoluer en conséquence et en cohérence.
Il est temps de procéder à un nouveau partage des bénéfices du progrès technique. Travailler moins pour s’épanouir davantage !
Je vous donne rendez-vous en septembre.
Jean Pierre Hupkens