Mes chers camarades, merci d’être au rendez-vous, nombreux !
Je salue les anciens qui se lèvent encore au mot d’ordre de grève générale. Les jeunes qui veulent en découdre et se mesurer à l’aune des luttes nouvelles. Les femmes qui savent l’urgence qu’il y a à veiller au droit des filles. Vous tous qui répondez au nom de socialistes.
Je vous connais, vous n’êtes pas de ceux qui cautionnent les prébendes et les arrangements, seule l’exigence de votre engagement vous guide. Et c’est pourquoi vous ne vous reconnaissez pas dans la caricature du socialisme qui se répand aujourd’hui; et c’est pourquoi vous êtes souvent désorientés, accablés…
Et pourtant, je vous le dis: vous pouvez, vous devez être fiers de soutenir le grand combat qui est le nôtre, il est séculaire, il est plus que jamais d’actualité. En épousant la démocratie, le socialisme a permis des avancées de civilisation considérables, une prospérité augmentée et mieux partagée. C’est votre travail et celui de ceux qui nous ont précédés, c’est notre héritage, nous devons le revendiquer, et nous allons le relancer. Le socialisme, c’est un projet de société inspiré d’égalité et de justice sociale. C’est aussi une stratégie faite de réformes successives et de progrès, millimètre par millimètre.
Ne comptez pas sur moi pour critiquer d’autres organisations de gauche, l’unité de la gauche est une nécessité, voyez la France… Permettez-moi simplement de souligner que cette stratégie de réformes est la seule à avoir jamais produit des résultats. C’est pourquoi je suis tout entier dans cette affirmation que socialisme et démocratie constituent l’alliance irremplaçable du progrès. Ceux qui ont la mémoire des démocraties assassinées, et Francis Gomez est de ceux-là, savent combien elle est un bien précieux.
Or aujourd’hui, et depuis plusieurs années, la démocratie faite de droits substantiels est menacée, le socle des conquêtes sociales, ce qu’on pourrait appeler le bien commun, le bien de tous, est attaqué avec une violence inouïe.
Politique fiscale, austérité dogmatique, démantèlement de la sécurité sociale, mise en cause des pensions, tout est bon pour nous faire faire un grand bond en arrière !
Je salue ici toutes les forces politiques et syndicales qui résistent pied à pied à la déferlante d’une droite décomplexée. Pourtant, résister ne peut suffire. Nous devons être capables de reprendre l’initiative et de revendiquer un rééquilibrage du pouvoir d’achat au profit de la très grande majorité de la population au détriment des très riches, mais aussi par des choix économiques de simple bon sens.
Les propositions d’augmentation du salaire minimum, des pensions, montrent la voie. Mais pour renouer avec cette voie du progrès social il est indispensable de reconstruire un rapport de force qui soutienne nos revendications. Et c’est là que votre rôle est fondamental, mes chers camarades, car vous êtes la charnière essentielle du rapport de notre parti à la population, c’est vous qui les transformez en axe de programme, c’est vous qui expliquez mieux qu’aucune agence de communication le projet socialiste. Vous êtes le bien le plus précieux de notre parti.
Dans la grande réforme de notre fédération que j’appelle, votre parole doit être largement écoutée, vos structures locales doivent être renforcées et, je vous le demande, votre engagement doit être plus vif que jamais. Il y va de notre avenir. Si les militantes et les militants doivent être entendus, cette exigence est plus grande encore pour ce qui concerne les plus jeunes d’entre nous, Pierre Etienne vous en parlera dans un instant.
Dans le cadre de ma candidature à la présidence de cette fédération, j’ai pris des engagements. Je vais bien sûr les tenir, parce qu’ils sont pris, mais aussi parce qu’ils sont justes.
Un parti qui anesthésie les enthousiasmes de sa jeunesse est un parti qui se sclérose et nous n’avons pas été assez attentifs à cela. On ne peut mieux expliquer l’importance de la jeunesse qu’en citant ce dicton qui circule dans la région d’Oupeye « il y a peu de prix Nobel qui ont 30 ans, mais tous les prix Nobel ont eu un jour 30 ans ».
Mes chers camarades, je me suis promis de ne pas être trop long, pourtant je ne peux terminer sans évoquer la nécessaire défense et promotion des instruments d’initiative économique publique. Domaine dans lequel nous, liégeois, sommes détenteurs d’une longue tradition.
Ils participent grandement à la construction du socle de services accessibles à tous, dont je parlais il y a un instant, et s’inscrivent parfaitement dans notre slogan « vivre, travailler, décider à Liège ». Nul doute que Jean-Claude développera le sujet.
Si j’en parle, c’est parce que l’affaire « Publifin », comme il est convenu de l’appeler, a posé des questions éthiques qui sont indépassables et auxquelles il faut apporter des réponses sans ambigüité, ce que nous faisons par une application drastique des règles que nous nous sommes données, en les complétant au besoin.
Le socialisme ne peut pas s’accommoder d’écarts de salaires extravagants, ni d’approximation dans les contrôles démocratiques. Mais au-delà des questions d’éthique, se dessine en arrière fond, une lutte à mort entre public et privé, cette lutte est aujourd’hui dans une phase exacerbée et nos adversaires rêvent de l’emporter définitivement.
Leur ambition est de cantonner le public à des secteurs non rentables, voire de lui soustraire, pour livrer au marché la satisfaction de besoins aussi élémentaires que la fourniture d’eau potable. Si le tout au marché l’emporte, alors c’est un modèle de société qui disparaîtra, à nous de le savoir et de défendre le grain avec l’outil s’il le faut.
Dans quelques minutes, notre cortège démarrera. C’est un moment important, les marches sont un instrument d’affirmation politique et particulièrement du mouvement socialiste.
Marcher est bien l’acte instinctif et premier du protestataire. Lorsque vous marcherez vers la Place Saint-Paul, souvenez-vous de la marche des mineurs de Germinal dans la plaine de Montsoult, pensez à ceux tombés à Fourmies et vous saurez que le monde qui était le leur, vous n’en voulez pas le retour.
Place Saint-Paul, nous mêlerons nos enthousiasmes à ceux d’autres militants. L’engagement politique prend aujourd’hui des formes multiples et nous devons, nous, socialistes en tenir compte.
Que de nos embrassades, des poignées de mains échangées, naisse un monde meilleurs.
Je vous souhaite un Premier Mai fraternel.